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olivier debré

Olivier DEBRÉ (1920-1955)
Signe personnage, 1985
Encre sur papier
Signé et daté en bas à droite
98 x 138 cm

Littérature en rapport :
Georges Duby,et al., Olivier Debré, catalogue d’exposition, Paris, Galerie nationale du Jeu de paume, 27 juin - 24 septembre 1995, Paris, Musée du Jeu de Paume éd., 1995.

En 1944, Olivier Debré, peint dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale Signe de ferveur noire qui le fait basculer dans l’abstraction. Considéré comme le point de départ de la suite de son œuvre, Signe de Ferveur noircontient des innovations pour sa peinture : la tension de l’irreprésentable, le choix de la monochromie et l’épaisseur de la matière. Suivront en 1945, dans les derniers mois de la guerre, deux séries de dessins dont Le Mort de Dachau(Mine graphite et gouache sur papier, 30,5 x 45,2, Paris, Musée national d’art Moderne Georges Pompidou, N°inv. AM 1976-1227).

Dans Signe de Ferveur noir Debré choisit de ne plus représenter mais de signifier en élaborant pour cela ce qu’il appelle des « signes du réel ». Ce Signe de Ferveur noir est le point de départ pour les signes personnages qui suivront et pour la création des signes paysages qui feront sa renommée. Plus rare que les Signes-Paysages, les Signes-Personnages ont une grande importance dans l’œuvre d’Olivier Debré :

« Les encres de Chine sont une part importante de l’œuvre d’Olivier Debré que l’on connait moins bien. Si les toiles Signes paysages, sont de l’espace, les encres, Signes personnages, plus nerveuses, parlent de l’intérieur du corps. […] L’encre, matière rapide, sans repentir, où il faut canaliser et fusionner avec le hasard lui-même, est plus qu’un exercice pour Debré, il s’y livre au présent. Il délivre ses instantanées d’émotion du plus petit au plus grand format, de la verticale à l’horizontale, du gris de l’encre diluée au noir le plus profond. « Au fond, dit-il, l’encre c’est la loi du lavis et mes toiles sont des lavis successifs – la chose remalaxée jusqu’à ce que je sois coincé par un dernier instant. »

Lerner de Vecchi dans L’œil à propos de l’exposition « Les encres d’Olivier Debré, Paris, Galerie Leif STAHLE, 21 mai -12 juillet 1986.

Dans ce Signe-Personnage, loin des Signes-paysages lumineux en all over, Debré choisit ici la monochromie du noir magnifiée par la neutralité du papier. Comme dans les encres des maitres de la calligraphie asiatique, le vide a autant d’importance que le dessin. Le vide construit et structure les lignes tracées à l’encre et leur donne leur profondeur et leur force. Il joue sur plusieurs vides, le vide autour de ses signes et le vide à l’intérieur de l’encre, dans des réseaux de fines lignes laissées par une brosse moins chargée en encre. Aux surfaces d’un noir intense, presqu’inquiétant, se succèdent des noirs allégés, fluides et aériens où les jeux de transparence viennent nuancer la profondeur et l’épaisseur de ces noirs. Le mouvement des Signes-Personnages est vertical : Debré retient ici l’importance de la stature dans les portraits de la Renaissance. Dans cette œuvre, le tracé fluide de cette écriture à l’encre noire, qui va de bas en haut et de haut en bas, se dresse et prend possession de l’espace qui l’entoure. 

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